Didier Piotrowski, Bicross magazine mai 1984: Super idée que de mettre sur pied cette compétition de free-style. Aux Etats-Unis et en Angleterre, cette spécialité se développe chaque jour davantage. Quoi de plus logique ? Le free-style est véritablement la locomotive-spectacle du bicross. Vous, nous, tout le monde en réclame à cor et à cris. Et, de fait, c'est l'ingrédient indispensable à la popularisation de notre sport préféré. A titre d'exemple, figurez-vous qu'une démonstration de free-style s'est récemment déroulée en Angleterre. Le bilan ? Une salle archi-comble (c'était en indoor), 1 500 spectateurs (payants de surcroît) un succès total. Autant vous dire que nous étions impatients d'assister à ce premier concours de free-style français Cette idée géniale, on la doit à Alain Brochery, célèbre cascadeur moto. Une idée qui lui vint en assistant à une démonstration du team number one lors du Bol d'Or moto, en septembre 1983. Et comme Alain organise avec son compère Philippe Vassard (pilote officiel Honda) le super motard (course mixte sur terre et bitume), c'est décidé, ils y intégreront le bicross sur toile de free-style. Judicieux. Des contacts sont pris avec I'AFB qui se chargera de l'organisation technique de ce concours. Les Cycles Peugeot s'engagent sans retenue en sponsorant l'épreuve: participation financière permettant de primer les lauréats et cadeau d'un CPX 601 au vainqueur. | |
Dimanche 18 mars, le grand jour est arrivé. Les équipes officielles ont délégué leurs spécialistes free-style: Peugeot avec Pascal Guionnet, Motobécane avec Jean-Luc Ferré et Hervé Pecoul, Mongoose avec Philippe Leleux, Number One avec Emmanuel Jeannin, Philippe Piot, Philippe Nicolas et enfin Christophe Delarche pour Skyway. Voilà pour les plus connus. Seuls manquent à l'appel Claude Vuillemot, Stéphane Colley et Fabrice Perez. Au total, 18 pilotes sont prêts à en découdre pour s'attribuer le titre du superstyler 84 devant les 12 000 spectateurs (potentiels) qui ont fait le déplacement au circuit Carole pour ce week-end à l'américaine. Sélection et finale Répartis en trois catégories d'âge (12-13 ans, 14-15 ans, 16 ans et plus), nos pilotes attaquent avec neuf épreuves de sélection pour la finale dont le gros lot est le CPX 601. Au programme saut en longueur et hauteur avec tremplin, wheeling, sur place, tour complet par bonds, marche arrière avec élan sur le banks, Bunnyhop hauteur (sans tremplin), bonds sur la roue arrière et enfin bonds sur la roue avant. Cette sélection donne lieu à un classement où le premier de chaque catégorie reçoit 400 F, les deuxième et troisième 150 F. Précisons que cet argent va au club dont dépendent les pilotes. Ajoutez-y des coupes offertes par Peugeot et Wolber et, vous en conviendrez, l'enjeu est de taille. Au fil de la journée, les différents exercices se succèdent dans une certaine monotonie (voir plus loin pourquoi). Et le classement tombe: Romuald MarchaI, Fabrice Bussy (vainqueur au scratch) et Jean-Luc Ferré gagnent leurs catégories respectives. Facilement pour Marchal puisqu'il est le seul engagé en 12-13 ans. Ces pilotes sont donc sélectionnés pour la finale avec leurs suivants immédiats Philippe Leleux, Emmanuel Jeannin, Michel et José Delgado, Christophe Delarche et Pascal Guionnet. Au total, ils sont neuf pour le titre de super free-styler et, par là même, le CPX 601. Pour les départager, un jury composé de Pierre Boudot-Lamotte (responsable de la communication chez Peugeot), Didier Pouvreau (le Wolber-man) et Myself jugent les figures des candidats au banks, au tremplin et enfin au sol. Ces évolutions rapidement terminées, le jury, unanime, rend son verdict le meilleur, le super free-styler, celui qui va emporter dans ses bagages le CPX 601, c'est José Delgado. Et ce devant tous les pilotes officiels. Un résultat logique car José ne fait que du free-style. C'est la victoire du spécialiste ! N'a pas tenu ses promesses... Eh oui ! Hélas ! ce concours de free-style n'a pas été à la hauteur de nos espérances. Manquant de rythme, d'épreuves spectaculaires, on a plutôt eu l'impression d'assister à une démonstration de foire. Et pourtant, on sait, pour bien les connaître, de quoi étaient capables les pilotes engagés. La cause ? Une infrastructure matérielle insuffisante (banks) et un règlement (édicté par l'AFB) mal adapté à ce que doit être le free-style, c'est-à-dire le spectacle. Il n'est pas question d'incriminer qui que ce soit. Une première dans n'importe quel domaine est toujours une prise de risques, les organisateurs se lançant dans l'inconnu. Mais, il semble bon d'énumérer les raisons de ce faux pas pour qu'à l'avenir ces erreurs soient évitées: - Des épreuves de sélection sans intérêt pour le public comme le surplace ou trop faciles comme le tour par bonds et le wheeling (distance maxi à parcourir 15 mètres). - Sur ces épreuves de sélection, un système d'attribution des points ne tenant pas compte des performances maxi réalisables par les candidats. Un seul exemple le saut en hauteur avec tremplin. Les pilotes franchissant plus d'un mètre marquaient 20 points et on s'arrêtait là, alors que certains passaient prés de 50 cm au-dessus de cette limite. Idem pour d'autres épreuves. Bonsoir l'intérêt ! - Pas d'épreuves de Bunny-hop longueur, spectaculaire et matériellement facile à réaliser. - Les exercices réellement free-style (figures au banks, tremplin et sol) circonscrits à la finale qui n'a duré que quelques minutes. - Pour cette finale, un banks bricolé indigne alors que c'est justement l'accessoire de prédilection des free-stylers. L'idéal étant deux banks (dignes de ce nom) en vis-à-vis. Bref, on pourrait encore épiloguer sur le système de classement ne tenant pas réellement compte des spécialités de chaque pilote ou d'autres points encore, mais bon, on s'arrêtera là. Somme toute, cette épreuve a souffert d'un manque de concertation entre les organisateurs. Dommage que le bicross n'ait pas montré son meilleur visage. Surtout quand 12 000 spectateurs occasionnels sont présents. Espérons que la création prochaine de ta commission free-style au sein de l'AFB saura nous faire oublier ce concours en demi-teinte. |
José Delgado. Avec un banks guère à la hauteur, nous sommes restés sur notre faim avec cet exercice qui aurait dû être le plus spectaculaire. En action, Michel Delgado, le p'tit frère de José. José Delgado au saut en hauteur avec tremplin. La barre est presque à son maximum. José est 50 cm au-dessus. Trop facile ! Super free-styler 84: José Delgado. 12-13 ans 1.Romuald Marchal 14-15 ans 1.Fabrice Bussy 2.Philippe Leleux 3.Emmanuel Jeannin 4.Michel Delgado 5.David Perragudi 6.Jean-M. Martinez 7.Grégoire Verge 16 ans et plus 1.Jean-Luc Ferré 2.José Delgado 3(tie).Christophe Delarche 3(tie).Pascal Guionnet 5.Hervé Pecoul 6.Stéphane Vomi 7. Philippe Piot |